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LES NOMS DE CLUBS EN PÉRIL?


Les noms de clubs portant atteinte à la respectabilité des disciplines du disque seront dorénavant à écarter, décrète la WFDF. La WFDF a en effet noté que les sports du disque n’ont pas connu l’essor espéré dans les pays où l’aide financière au développement de ces sports a été prodiguée.

La WFDF estime que de nombreux facteurs expliquent ce manque d’engouement pour l’ultimate, notamment, malgré la grande souplesse de ce sport qui peut se pratiquer sur une variété de surfaces, et qui nécessite pour seul équipement un frisbee. Elle relève le manque de sérieux pratiqué par les fédérations nationales quant à la promotion des sports du disque, ou tout du moins, le manque de cohérence dans leur approche qui consiste à tolérer des efforts de recrutement parfois inégaux, mais aussi des noms de clubs qui peuvent porter à confusion, voire même susciter le ridicule, plutot que d’inspirer de nouvelles générations à se tourner vers ces sports compétitifs.

La WFDF a fait part de ses reflexions lors d’un entretien avec Ultiworld, qui a spécifiquement interrogé le directeur général, Volker Bernardi, sur le manque relatif de succès des sports du disque en dehors des frontières nord-américaines. Ce n’est donc pas un décret qui provient ainsi de la WFDF, mais plutôt une exhortation aux fédérations nationales de porter attention à ces questions qui peuvent sembler relever du détail, mais qui ont leur importance.

Trent Simmons, le fondateur de 10 Million Discs, affirme « Il y a toujours eu une ambiance bon enfant dans l’ultimate, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut faire n’importe quoi ; j’ai près de 10 ans d’experience dans le secteur caritatif lié à l’ultimate, et je peux vous dire que si on veut attirer les jeunes plutôt que les faire se tourner vers le foot et les valeurs toxiques que ce sport peut engendrer, il faut que l’on puisse se présenter comme un sport fun, certes, mais aussi compétitif et dans lequel ces jeunes peuvent voir un avenir. Des noms de club tels que "Let me put my disc in your..." ne confèrent pas du tout cette impression, un point c’est tout. »

La Fédération Française de Flying Disc, elle, rechigne à faire la police parmi les clubs de France, en raison notamment du nombre non négligeable de clubs ayant déjà adopté des noms embarrassants. La grande majorité des clubs se sont cantonnés à des noms descriptifs ou en relation avec leur lieu d’origine. Mais certains clubs optent pour des noms plus familiers, tels que les « Vazylence » de Valence, ou pour des noms dénigrant leurs propres capacités, tels Lezheraultimates.

Certains clubs se sont pourtant déjà auto-censurés, le club de la Rochelle ayant choisi de ne pas demander la consécration de leur nom d’origine, les "Lance Moules", notant que cela pourrait avoir pour effet de repousser les joueuses locales plutot que les attirer, et optant au final pour le nom un peu plus obscur de "Flying Oysters".

Ravi Vasudevan, directeur d’un des plus grands tournois d’ultimate sur herbe d’Europe, le Windmill Windup, qui s’occupe notamment de la sélection des équipes, admet que les noms d’equipes ont leur importance : « Chaque année, je fais une sélection en fonction du niveau de l'équipe qui postule, mais je prends aussi en compte une variété d’autres facteurs, notamment leur adhérence à certaines des valeurs de notre sport, notamment leur bilan carbone et leurs efforts pour développer le sport parmi les jeunes. Un nom d'équipe vulgaire, à connotation sexiste alors que nous prônons les valeurs d’un sport mixte, ou qui dénigre l'adversaire, ou tout simplement un nom qui ait pour effet de ridiculiser notre sport, par quelque manière que ce soit, serait un facteur à prendre en compte, toutes choses égales par ailleurs. Parlant d'expérience, je peux vous dire que les équipes françaises qui viennent aux compétitions internationales ne sont pas toujours exemplaires sur ce sujet. Pour être clair, je précise donc qu'un nom d'équipe tel que "Les garçons ça pue", ou "I want to be anything but a Discobol" ou la totale, "Izaka est un club de chacals baveux sans aucun style, ça ne passerait pas du tout.»

La FFFD envisage donc de déléguer le rôle de police des noms à un comité spécialisé, qui recueuillerait les dossiers de création de clubs et considererait la pertinence des noms proposés ; ceci, tout en admettant qu’il y aura certainement des cas limites où il s’agira de ne pas se montrer trop stricts.

Toutefois, la FFFD précise qu'il n’y aura pas de rétroactivité - les noms de clubs pre-existants pouvant perdurer même si jugés problématiques – mais ce comité considèrera tout nouveau dépôt de dossier à partir du 1er avril 2021. Des appels à candidatures pour constitution de ce comité seront lancés très prochainement.


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